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The Wave

La nouvelle vague du webzine musical

La musique vue différemment


Le net, nouvel enjeu de l'industrie musicale.

Publié par Elodie et Roro sur 12 Mars 2014, 12:17pm

Catégories : #TV, #sorties, #Technobuzz, #Clip vidéo

Le net, nouvel enjeu de l'industrie musicale.

Bienvenue à tous dans ce nouveau Technobuzz. Aujourd'hui nous allons nous intéresser à une tendance qui devient de plus en plus un argument marketing pour les artistes et les maisons de disque, je veux parler d'internet. Ils sont toujours plus nombreux, ces groupes ou artistes -montants ou confirmés- à rendre disponible l'intégralité de leurs albums sur le web (parfois gratuitement pendant 24 ou 48 heures) avant même leur sortie physique dans les magasins. Un phénomène qui n'existait pas il y a 10 ans, et qui constitue aujourd'hui une aubaine pour faire entendre sa voix. Partenariats, exclusivités, toutes les plateformes, streaming comme ventes dématérialisées, se battent pour obtenir en premier un Daft Punk ou un Metronomy. Certains artistes aujourd'hui confirmés sont même nés d'internet. Si si, on vous le prouve dans cette chronique, et on fait même ça en musique. En voiture !

Un premier exemple déroutant, mais oui !

Je tiens tout de même à préciser que la liste d'artistes que nous allons évoquer ici n'est bien entendu pas exhaustive, il existe de très nombreux autres noms qui ont axé leur campagne marketing sur le web ou via les nouvelles technologies.

Vous l'avez déjà probablement entendue sur les radios, soit via son dernier single ("Dernière danse", que vous pourrez voir ci-dessus), soit à travers son duo avec le rappeur français Youssoupha (qui a d'ailleurs sorti... un EP numérique en janvier dernier pour faire patienter ses fans quant à la sortie de son prochain album prévue dans le courant de l'année). Indila, de son petit nom, sonne pour certains comme la nouvelle Mylène Farmer (j'ai dit pour certains, pour nous ça n'a absolument rien à voir mais c'est un autre débat). Pas parce qu'elle chante la mort de sa petite voix fluette et fait des immenses shows à l'américaine pour des millions de fans en transe, qu'ils soient français, belges ou bulgares, mais pour sa relative discrétion médiatique et son refus de dévoiler la majeure partie de sa vie privée (on ne connaît même pas sa date de naissance. Vous me direz, on s'en fout, mais bon...).

On sait tout juste qu'elle est active depuis 2010 via des collaborations avec des rappeurs comme Rohff, Soprano ou... tadaaaaam ! Youssoupha. Son premier single, elle l'a sorti en 2013. Mais là ou la donne change, c'est que la jeune artiste est soutenue par un grand nombre de fans... virtuels, puisqu'elle obtient un grand plébiscite auprès des internautes. Son producteur a tellement compris l'affaire qu'il focalise sa campagne marketing essentiellement sur le net. La preuve, selon le journal 20 minutes, aucune date de concert n'a pour le moment été annoncée, et les recettes de ses clips ne se comptent plus en spectateurs mais en millions de vues. Elle fait de rares apparitions télé, comme ci-dessus dans l'émission "Vivement Dimanche" de Drucker, où elle a semble-t-il fait forte impression.

Le titre qui prouve que, malgré tout, Muse a encore un peu de pêche à donner aux fans de rock.

Voilà un groupe qui a tout compris et a su tirer le meilleur d'une stratégie marketing 2.0. Je veux bien sûr parler de Muse, groupe phare des années 2000, mené par le leader charismatique et (très) mégalo Matthew Bellamy. Leur dernier album, The 2nd Law, était très attendu par les fans, car il constituait, selon le groupe, un véritable virage dans leur carrière artistique. Tellement attendu même que des petits farceurs ont cru bon d'inventer une version fictive du single "Supremacy" pour le 1er avril 2012.

Le point qui nous intéresse dans tout ça, parce qu'on ne va pas disserter pendant 3 heures sur l'album, chacun en pensera ce qu'il veut, c'est que son annonce ne se fait pas dans les médias ou les magazines papiers mais sur le site internet du groupe, qui inaugure un décompte via une vidéo Youtube montée de toutes pièces. Et ça marche : une édition numérique a la primeur du marché, avec, pour les heureux acquéreurs (ou pas), tout un tas de petits extras et un making-of inédit (qui ne sera distribué physiquement que dans l'édition CD+DVD, autrement dit une blinde). En novembre dernier, l'album avait dépassé les 2 millions de ventes. Le groupe travaille actuellement sur son prochain opus, on a hâte de voir ce que ça va donner, et surtout les nouvelles idées numériques qu'ils vont pouvoir développer avant sa sortie.

Un clip très attirant pour un groupe qui ne cesse de surprendre.

En plus de l'article que nous avons fait sur la nouvelle stratégie Youtubeuse du groupe Coldplay, à voir ici, on peut vous parler plus récemment du dernier coup de buzz sur le net, et il s'agit de la sortie du nouvel album de Metronomy, sobrement intitulé "Love Letters" (oui oui, lettres d'amour).

Ce 4ème (si si, déjà) opus du groupe anglais a bénéficié d'une campagne marketing très active sur Twitter et Facebook, via ses annonces de sorties dans divers pays du monde sur la page officielle du groupe. Mais surtout, et c'est là le point le plus important, il a été disponible avant tout en édition numérique, et même via une écoute en streaming gratuite et exclusive pendant 24 heures sur Itunes. Un sacré pari pour le quatuor pop, qui s'est vite décliné au travers d'autres plateformes. Ainsi, dès le 10 mars dernier, on pouvait l'écouter sur Deezer, Spotify, ect. Evidemment, la stratégie est largement compréhensible, l'érosion des ventes de disques en version physique depuis quelques années était plutôt inquiétante pour les maisons de disques, laminées par les millions de titres téléchargés illégalement. Ils se devaient de trouver une parade efficace, et c'est naturellement sur le web qu'ils l'ont trouvée, via des campagnes à coup de buzz et d'écoutes gratuites. Ce n'est pas le premier coup d'éclat d'Itunes en matière d'écoute en streaming gratuit. Souvenez vous...
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En duo avec le chanteur des Strokes. Enfin, sa version robotique.

Dans le mille. Qui pour mieux exister numériquement sinon les chantres du digital, les français superstar et moissonneurs de Grammys, les DAFT PUNK ?

Sachez le, même si vous le savez peut-être déjà, mais le duo a commencé la promotion et l'annonce de son dernier album en date, "Random Access Memories" (surnommé RAM par les geeks et les fans de Caraval Palace), sur Facebook. Oui, oui, sur Facebook, le réseau social ou leur compte officiel compte pas moins de 12 millions de fans transis. Dans la foulée, en mars dernier, une campagne de précommande est ouverte, et même le site internet de l'album éponyme, sur lequel quelques un des titres de la tracklist (qui en comporte 13) sont dévoilés.

Plus fort encore, l'intégralité de cette tracklist est dévoilée sur... Vine. Pour contrer les nombreuses fuites qui s'accumulent sur le net, Columbia Records met les petits plats dans les grands : l'intégralité de l'album se retrouve disponible au streaming gratuit sur Itunes Store. Mais le grand producteur du groupe est malin : s'il rend tout ça accessible à tous, ce n'est que pendant une durée très limitée. Et les malchanceux qui sont arrivés trop tard ou ceux qui veulent l'écouter une deuxième fois passent à la caisse. Résultat, l'album réalisé, lors de sa sortie, la plus grosse vente numérique en une semaine (près de 68 000 exemplaires téléchargés.. bah tiens !).

Le net n'est donc plus qu'un tremplin pour les groupes, il l'est aussi pour les maisons de disques, qui voient là une aubaine considérable pour créer un nouveau marché, via un simple clic gauche sur une souris.

Je sais, je sais, mais c'est pour illustrer l'exemple...

N'en déplaise à ses (nombreux) détracteurs, le dernier coup de com' de Beyoncé, avec son album.. Beyoncé (c'est quoi cette mode de nommer les albums avec le nom des artistes, sérieux ?), est magistral. Sorti dans la nuit du 12 décembre dernier, l'album et les clips ont bénéficié d'un véritable buzz sur le net, qui s'est directement répercuté sur les ventes : numéro 1 sur Itunes dans près de 100 pays en 24 heures, 1,2 millions de tweets en 12 heures, 1 million de ventes digitales en 5 jours, record mondial de ventes absolu en 3 jours (plus de 820 000 exemplaires) : on atteint là le sommet de ce que peut donner une campagne "surprise" et "connectée", qui illustre parfaitement les enjeux énormes de ce nouveau marché cliquable.

Lady Gaga, bien qu'en chute libre au niveau des ventes (et de la créativité) a aussi su surfer sur ce vent favorable, avec des clips et des morceaux diffusés "en WOOOORLD PREMIIEEEERE" sur Youtube et compagnie, un buzz énorme autour de chaque vidéo postée, une campagne très active sur Twitter.

Bref, l'exemple est à peu près le même pour les deux stars, sauf que l'une d'entre elle ne s'est pas fait ruiner son album par une dubstep perrave. Je vous laisse deviner laquelle.

Un beau talent découvert et financé par les internautes, Irma, qui vient de sortir son nouveau clip le mois dernier.

Le web peut être un outil marketing, mais il est aussi un tremplin très efficace pour des artistes en devenir. C'est le cas d'Irma, révélée en 2008 via le site partenaire My Major Company (qui a aussi découvert Grégoire, soyons honnêtes, on peut pas être bon tout le temps), autrement dit un label communautaire qui vit grâce aux internautes. En moins de 3 jours, elle reçoit de leur part plus de 70 000 euros pour le financement et l'enregistrement de son premier album, "Letter to the lord". Elle alimente d'ailleurs très souvent sa chaîne Youtube avec des "covers" et des morceaux inédits, diffusés exclusivement sur le net. Grâce à ce succès considérable, elle est très vite repérée par des des producteurs de spectacles et enchaîne les premières parties. La suite, on la connaît, son talent s'exporte outre-atlantique et pour les fans de pub, matez celle de Google Chrome. Voilà, prochain album en 2014, Irma est désormais une artiste accomplie, révélée entièrement par quelques généreux donateurs.

Mais elle n'est pas le seul exemple de ce système. On l'a déjà dit, Grégoire est aussi passé par là, de même que Joyce Jonathan ou, plus surprenant... Sheryfa Luna (si si...).

Autre exemple plus radicalisé encore, le chanteur Prince s'est depuis longtemps éloigné de l'industrie et des grands majors de la musique : il passe très souvent par le net ou des financements parallèles pour continuer à produire sa propre musique.

Encore un autre exemple, l'incroyable stratégie marketing derrière le chanteur Stromae, sur le site (interactif) duquel on retrouve une carte, qui révèle, via votre souris, les dates de sa tournée près de chez vous. Sans compter les innombrables posts sur Facebook et autres diffusions de clips de l'artiste, qui a sans doute décollé grâce à de très (très) bons agents de com' qui doivent travailler très dur derrière (la preuve, chaque morceau interprété en live fait l'objet d'une performance souvent qualifié d'exemplaire par de nombreux médias et spectateurs).

Paradoxe : c'est sans doute la seule que je peux supporter.

On termine (oui parce qu'on pourrait y passer 3 jours si on devait tout référencer...) en parlant un petit peu de Bandcamp, nouveau Myspace, ou pas mal d'artistes amateurs ou en devenir peuvent poster leur production, comme c'est le cas d'un de nos contributeurs, qui a publié il y a quelques jours un nouvel EP folk à découvrir très vite à cette adresse.

Vous l'aurez compris, si la carrière d'un artiste ne se fait ni ne se défait sur internet (en tout cas pas encore) ce monde merveilleux a en tout cas permis à bon nombre d'entre eux de commencer à mesurer l'énorme influence qu'il pourrait avoir sur leur notoriété ou leurs ventes.

Dernièrement, c'est Kylie Minogue ou encore Shaka Ponk qui ont dévoilé l'intégralité de leur album en streaming exclusif sur Itunes. La mode n'en finit plus de se développer.

Alors que des chroniqueurs, eux, vivent totalement grâce à internet, d'autres, chanteurs, musiciens, amateurs, comptent dessus pour se faire un nom. Et ce n'est pas prêt de changer : les concerts live exclusivement disponibles sur le web se multiplient (notamment via des applications, des émissions comme Taratata ou Le Grand Journal) et les marketeux n'hésitent plus à étaler leur stratégie virtuelle sur le long terme.

La nouvelle poule aux oeufs d'or est toute trouvée, et l'ère de l'instantané oeuvre, dans l'ombre, pour que demain la musique ne soit plus un disque mais un fichier à partager. C'est beau, nan ?

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